Aurélie Pétrel – Œuvre en partitions – Question de versions

Aurélie Pétrel – Œuvre en partitions – Question de versions

Episode 2
1:05:40

À propos de ce podcast:

Aurélie Pétrel est photographe, plasticienne, installatrice. Travaillant en solo ou en duo avec le scénographe Vincent Roumagnac, elle développe une œuvre où images, objets, installations interrogent dans des formats et des formes plurielles, « les limites de la photographie ». L’artiste déploie ainsi, dans une démarche à la fois conceptuelle et plasticienne, des séries de cycles dont les différentes versions écrivent une œuvre en partition singulière. Son travail a fait l’objet d’un très grand nombre d’expositions et de résidences en France et à l’étranger et figure dans nombre de collections privées et d’institutions publiques.

Site web de l’artiste : https://www.aureliepetrel.eu

Hypercube (2011- 2018) - fonderie Darling - Montréal 2017
© Aurélie Pétrel
AxIonometrie 2- INACTINIQUE- FIAC - 2018 © Aurelien Mole Inactinique, 2018, galerie Ceysson- Benetière Tracks (House IV chambre 104)
NYC - Ceysson&Benetière - 2018
Tracks Sillons inactiniques; (the House of eisenman), 2017 Tracks (House IV- TearDown) - NYC- Ceysson&Benetière- 2018 CNEAI ©Anais Barras -2017 Double Visage, 2007. Photogramme et épingles en inox. Pièce unique (100 cm x 96 cm) © Henri Foucault Chevelure - version C. 2016. Photogramme et épingles en inox. Cadre recouvert de feuilles d’étain réalisé par l’artiste. (97 cm x 72 cm)
Pièce unique © Henri Foucault
Duo-de-Rêve - Saint- Nazaire- 2019 © Vincent&Aurélie Deep blue- version C- 2014. Cristaux Swarovski sur papier.
Cadre recouvert d’étain 2 (42 cm x 130 cm) © Henri Foucault
Desaparecidos, 2016 Images jachères - CPIF- Pontault-Combault -2017

Quelques pistes pour aller plus loin …

Dan Graham œuvres 1965-2000, catalogue de l’exposition -Museum de Arte Contemporânea de Serralves, Porto, 2001. Édition Paris-Musées, 2001,
Debord Guy-Ernest, « Prolégomènes à tout cinéma futur » [1952], in G. Debord, Œuvres, Gallimard, 2006.
Derrida Jacques, De la grammatologie, éd. Minuit, 1967.
During Elie, Faux raccords. La coexistence des images, Actes Sud/ Villa Arson, 2010.
Gauthier Michel, L’Arnarchème, Genève, Mamco, 2002.
Goodman Nelson, L’Art en théorie et en action (1984), trad, R. Pouivet, Paris, l’ Eclat, 1996.
Lampe Angela, (dir). Chagall, Lissitzky, Malévitch, L’avant-garde russe à Vitebsk, 1918-1922, Paris, Centre Pompidou, 2018.
Mandelbrot Benoît, Les objets fractals : forme, hasard et dimension, éd Flammarion, 2010.
Newhall Beaumont, Latent Image. The discovery of Photography (1967). Albuquerque-Université of New Mexico Press, 1983.
Rancière Jacques, Le destin des images, éd. La fabrique, 2003.
Szeemann Harold, When attitudes become form – « Live in your head »
Works – concepts – processes – situations – information – Exposition à la Kunsthalle Berne and The Institute of Contemporary Arts, London, 1969.

Chapitrage

1:34
Présentation – les limites de la photographie
4:20
Fonctionnement par « sas » – temps de jachère
8:14
Formats d’exposition
9:12
Atelier virtuel - « Hypercube, Fiac » - Project Eisenman - Modélisation, géométrie non euclidienne
16:35
« Axlonométrie 2 inactinique (2018) » – Déconstruction
25:25
Mise en situation
29:16
Temps en photo – temps au théâtre – « Tracks, Process, Partition Fukushumia #2 »
39:14
Image latente - Version
42:16
Prise de vue latente « PVL– Matériauthèque »
46:32
« Tracés » – résidus
47:44
Méta-photographie – laboratoire – réactivation
56:14
Collaboration – savoir et savoir-faire
1.00.40
Œuvre comme actrice de mise en situation – Partition photographique comme chorégraphie.

Extraits:

M-D  :
 Pratique artistique photographique, se déplace ou mute dans l’espace, sur différents supports, œuvre qui semble poser la question des versions d’une œuvre, d’où « en partition » . Quelle place a ou a eu la théorie dans votre formation ?
A-P :
  la théorie a eu une place assez importante dans ma pratique, mais elle vient en marge… elle permet de nourrir le travail de manière latérale. Je fonctionne par sas… il y a toujours un temps de jachère entre les lectures et la manière dont elles vont venir irriguer le travail plus sensible… en plus des temps de jachère je fais des coupures géographiques qui permettent de rattacher des temps de lecture à des déplacements spécifiques, dans des durées spécifiques.
M-D  :
 Les premières pièces comportent l’essentiel des questions, des développements à venir… des cycles de pièces ou de formats d’exposition – De Hypercube  (2001…-2017) ou « atelier virtuel » à Fiac-Project - Axlonométrie 2 inactinique (2018).
A-P  :
 Toute la réflexion que j’ai menée à partir d’ « hypercube » constitue l’ADN des modes de fonctionnement qui ont régi mon travail. … L’ hypercube pouvait être l’atelier du photographe. Séparer la prise de vue (non montrée) et la réflexion sur la pratique installative..
M-D  :
 Modélisation, espace physique, archigramme, géométrie non euclidienne… Lien entre l’architecture - un art qui n’a pas de modèle - et la photographie… Archives de Peter Eisenman, théoricien de la déconstruction architecturale.
A-P  :
 Autour des premières houses de Peter Eisenman … qui partent d’un cube et opérations de basculement donnent des formes… Revenir aux fondamentaux de ma pratique qui est de l’ordre de la déconstruction.
M-D  :
 La pièce de la Fiac – Axonométrie Inactinique #2 est comme une structure internet sans enveloppe et il y a quand même des photographies.
A-P  :
  J’ai fonctionné en travaillant à partir de 4 prises de vue… j’ai fait exister ces 4 prises de vue en faisant 4 impressions… 4 faces sur chaque tasseau… et si les tasseaux avaient été remis en façade on aurait pu lire l’intégralité de la prise de vue… redonner à voir en creux les 4 faces du cube… de loin… proposition pèle mêle de 4 images qui issues de la même série se mélangent les unes aux autres.
M-D :
 Articulation démarche conceptuelle et plasticienne dans une forme de suite programmatique, suite de mises en situations - ancrage théorique : exposition d’Harold Szeemann « Quand les attitudes deviennent formes,: Works – concepts – processes – situations – information) (1969) ? Puis collaboration avec Vincent Roumagnac, scénographe.
A-P   :
  Dans « Quand les attitudes deviennent formes », autre sous titre « Live in your Head » - c’était qui se produisait quand j’étais aux Beaux-Arts en train de stabiliser ma pratique. Collaboration avec Vincent, désir de déconstruire le médium théâtre, et moi désir de déconstruire le médium photographie. Réflexion sur le temps au théâtre et réflexion sur le temps en photographie tous les deux avec ce prisme de la déconstruction.
M-D  :
 Termes de différé et de délégation fonctionnent avec ce besoin de redistribuer, de redéployer, de différer sur différents supports, lieux … on revient à « l’image en situation » (M. Gauthier)… Le versionnage caractérise votre œuvre en partition.
A-P  :
  Protocoles de réactivation travaillés dès les premières collaborations avec Vincent - Propositions qui ont plusieurs situations - Productions d’objets mélangés avec des objets photographiques - Déplacements d’objets d’une situation à une autre.
M-D  :
 Comment ces versions se mettent en place – notion de partition - notion de latence - meuble matériauthèque – images en jachères …à qui et comment déléguer des images ?
A-P :
 Donner à voir le fond photographique à la base de tout le travail plus physique. Fond archivé dans un meuble (meuble jachère) ressemble à un disque dur géant… Faire remonter d’autres prises de vue que je ne m’autorisais pas alors. Créer un sas entre les deux phases de ma pratique : la première 100% photographique – un temps de jachère – et ensuite des activations possibles.
M-D  :
 Autre forme, autre manière d’interroger la latence … Inactinique – d’autres versions qui montrent la photographie autrement - versions : monstrations qui interrogent d’autres éléments du processus.
A-P  :
  Je tente de prendre une distance par rapport au médium que j’utilise… j’ai une réflexion méta-photographique qui s’est mis en place … du moment où « Hypercube » a pu libérer ces 2 phases du travail – la première photographique, la seconde installative pour mieux les réarticuler plus tard… Constituer un tirage et à partir de ce tirage faire exister plusieurs activations qui pour certaines ont plusieurs itérations… permet de faire coexister une même prise de vue .. de la faire circuler dans différentes concrétisations… Modes opératoires donnés à voir… Je re-questionne à la base le médium pour sentir la différence entre ma perception et ma perception augmentée du médium qui est presque une partie de moi … remettre une distance pour ne pas risquer de tomber dans une fascination, pour ne pas fusionner avec le médium… c’est une prudence, une sur- prudence.
M-D :
 Collaborations «  de cœur » qui ouvrent à d’autres arts… Importance de la notion d’expansion dans les formats de vos images…poser la théorie.
A-P 
 : Collaborations sont fondamentales… c’est être véritablement égaux dans le travail… respect des savoirs et des savoirs faires, alchimie se crée… c’est cela qui fait qu’il y a aussi plusieurs versions des pièces.
M-D :
 Les œuvres comme acteurs des mises en espaces, des mises en situation ? Est ce que ce ne sont pas elles les vraies « danseurs », les vraies « acteurs » de ces partitions chorégraphiques ?
A-P  :
  Partition photographique comme concept fort dans le travail... Ecrire en partition photographique qui est pour moi à la jonction entre une écriture chorégraphique et une écriture musicale si tenter que chaque tirage serait une note… chaque élément a besoin de sa propre partition pour coexister avec les autres.

Auteur:

Auteure :
Michelle Debat

Critique d’art, membre de l’AICA - France, professeur des universités, théoricienne de la photographie et de l’art contemporain. Elle a notamment publié son autoportrait théorique en photographie et art contemporain, La photographie : essai pour un art indisciplinable. éd. PUV. 2020.

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Série de conversations entre une théoricienne de l’art et un.e artiste contemporain.e


Des podcasts entre livre audio et essai critique

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Des questions, des réflexions, des contradictions… à propos ce qui se fait, de ce qui se montre, de ce qui s’entend et se dit, dans l’art d’aujourd’hui

Des œuvres actuelles d’ici et d’ ailleurs

Bref,

De la voix, du langage, des images… et de la pensée

Tout ce qui accompagne des acte(s) d’art(s) Pour le plus grand nombre de curieux

Michelle Debat – professeur des universités et critique d’art AICA https://epha.univ-paris8.fr


Avec le soutien du laboratoire de recherche AI-AC (Arts des images - Art contemporain) de l’université de Paris 8

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